Pourquoi la Chine ne s’éveille-t-elle pas ?
Depuis que la Chine a ouvert et réformé son économie en 1978, son produit intérieur brut (PIB) a crû en moyenne de plus de 9% par an, propulsant ainsi plus de 800 millions de personnes au-dessus du seuil de pauvreté. En 2022, ce pays représentait un peu plus de 18,6% de l’économie mondiale, soit le deuxième PIB nominal après les États-Unis. En 2023, plus d’un tiers de la croissance économique mondiale a été générée par les activités chinoises.
Pourtant, le CSI 300, indice phare des bourses de Shanghai et Shenzhen, composé des 300 principales capitalisations boursières du pays, a perdu plus de 12% en 2023, après avoir cédé plus de 20% en 2022. Il atteint désormais son plus bas niveau depuis février 2019, loin derrière ses rivaux américain et européen.
Les données commerciales, communiquées pour le trimestre dernier, montrent peu de signes d’amélioration dans l’économie du pays. Ainsi, même si l’excédent commercial chinois a augmenté plus que prévu grâce à une légère reprise des exportations, une baisse inattendue des importations a mis en évidence que la consommation locale, pilier central de la politique économique chinoise, restait faible. Le sentiment à l’égard de la zone a été ébranlé par la menace d’un abaissement de la note de crédit par Moody’s début décembre. L’agence de notation a souligné les risques accrus pour l’économie d’un effondrement du marché immobilier. Il sera nécessaire de rassurer les marchés sur ce point pour que les investisseurs reviennent sur le marché chinois. Bref, la situation de la deuxième économie du monde n’est guère brillante et nous devons logiquement nous interroger sur le devenir des actions que nous détenons en portefeuille.
Il est indéniable que les capitaux étrangers se sont très largement désengagés de la zone asiatique au cours de l’année passée. Selon Goldman Sachs, la Chine et les marchés émergents d’Asie ont été parmi les régions les plus vendues par les fonds spéculatifs fin 2023. Ce n’est pas un hasard ! Tous craignent une croissance économique structurellement et durablement plus faible à moyen terme et une faillite douloureuse du secteur immobilier. Le déclin continu de la population, la décélération de l’économie, les tensions politiques avec l’Occident sont autant de facteurs qui contribuent à cette tendance.
En l’absence de politiques macroéconomiques efficaces, la Chine pourrait rester une zone géographique peu appréciée dans les mois à venir.
Dans ces conditions peu favorables, quelle stratégie devons-nous adopter pour nos portefeuilles ? Matérialiser nos moins-values et arbitrer vers des supports plus sûrs, faire des moyennes à la baisse sur les lignes existantes ou carrément investir sur cette zone qui a perdu près de 40% depuis 2021 ? Il est bien difficile de se déterminer et la réponse à cette question dépend de son horizon de placement, de sa capacité à accepter les risques et du niveau de rendement souhaité pour ses liquidités. Néanmoins, l’expérience montre qu’investir sur des marchés « sinistrés » et (délaissés par tous, permet souvent de réaliser de substantielles plus-values. Souvenons-nous de l’adage : Acheter au son du canon et vendre au son du clairon.
Alors, existe-t-il des motifs d’espoir dans cette économie chinoise ?
Le Président Xi Jinping a pour objectif de modifier en profondeur l’économie chinoise via son programme baptisé «Prospérité commune». Il vise une croissance de qualité plutôt que quantitative, en essayant de réduire les écarts de richesse, en comptant davantage sur les propres forces internes du pays et surtout sur son marché domestique. Autrement dit, la Chine ne veut plus être l’usine manufacturière du monde mais a plutôt pour ambition d’enrichir sa classe moyenne et d’élever les plus défavorisés au-dessus du seuil de pauvreté en se recentrant sur son propre marché. Ce genre de changements ne se fait pas sans heurts…
Actuellement, les autorités gouvernementales sont prises par le temps et le mécontentement d’une partie de sa population qui commence à exprimer (mollement) son impatience. Compte tenu de la situation, de nouvelles mesures de soutien au secteur immobilier sont inévitables pour contrer cette spirale négative et rassurer les marchés. Le gouvernement a plusieurs outils à sa disposition comme de nouvelles baisses de taux ou des assouplissements dans les mesures d’acquisition pour relancer la machine. En outre, le gouvernement pourrait directement faire l’acquisition de biens très dépréciés, pour les détruire ou les convertir en logements à louer. À grande échelle, cela aurait le mérite de soutenir l’activité et d’améliorer le ratio offre/demande du marché.
Depuis 2022, les autorités chinoises multiplient les annonces de mesures de soutien économique : le montant des baisses d’impôts atteint un record et dépasse même les niveaux de 2020, en pleine période Covid. À Shanghai, des aides sont accordées pour relancer la consommation, favoriser le développement des infrastructures et des entreprises exportatrices notamment. Il est vrai que ces mesures n’ont pas produit d’effet pour le moment mais la volonté politique de soutenir l’économie est clairement affichée. Cela devrait limiter de nouvelles baisses et s’il n’est pas simple d’affirmer qu’un point bas a été atteint en 2023, de nombreux risques sont désormais intégrés dans les cours des actions. La Bourse chinoise se traite actuellement sur des multiples de valorisation plutôt déprimés par rapport à l’histoire (graphique). Un rebond à moyen terme est inéluctable.
En synthèse, la situation économique chinoise est très compliquée : la Chine fait face à des difficultés conjoncturelles (immobilier, contexte international) mais aussi structurelles, liées au changement de paradigme. Il faut probablement s’attendre à un taux de croissance durablement plus bas au cours des prochaines années, mais une crise financière systémique semble peu probable. Le gouvernement dispose des outils pour enrayer la crise actuelle et dans ce contexte, les taux d’intérêt demeureront très bas. La valorisation d’ensemble du marché a déjà pris en compte cette réalité difficile et le marché n’est objectivement pas cher. Il faut restaurer la confiance pour faire revenir les investisseurs et nous pourrons alors espérer de solides profits sur cette zone. Il est donc urgent d’attendre des jours meilleurs…
Stéphane Lenoir
Le support du trimestre : R-co Valor
Rothschild & Co Asset Management est un gestionnaire d’actifs indépendant qui développe notamment des solutions d’investissements pour les conseillers en gestion de patrimoine et leurs clients. La maison propose une large gamme de stratégies sur l’ensemble des zones géographiques et classes d’actifs. Elles reposent sur une vision de long terme de l’investissement ainsi qu’une analyse fondamentale approfondie du cycle économique et des valorisations des différentes classes d’actifs. R-co Valor, géré par Yoann Ignatiew et Charles-Edouard Bilbault, est un des fonds emblématiques de la société. En avril prochain, il fêtera ses 30 ans
C’est un fonds flexible entre actions internationales et obligations. L’approche est déterminée par le positionnement dans le cycle économique ainsi que les thématiques à privilégier dans les mois à venir. Théoriquement le fonds peut aller de 0 à 100% en actions, concrètement il est plus souvent au-dessus de 80% mais a su se désexposer rapidement en 2008 (autour de 60%) et 2020 (70%) . La flexibilité est donc relative. Ce fonds est plus un fonds actions internationales mais avec la capacité de se retirer en cas de violents à-coups de marché.
Actuellement, le fonds est exposé à 68% en actions, un niveau rarement observé : en effet, la gestion estime que les risques sont importants sur les marchés compte tenu de leurs niveaux. Par ailleurs, contrairement à la décennie qui vient de s’écouler, l’attente paye : les liquidités sont de nouveau rémunérées. Parmi les thèmes investis dans le fonds, la gestion privilégie : la consommation des pays émergents (Alibaba en Chine, Mercado Libre en Amérique Latine, LVMH), le développement des industries dans les pays développés grâce à la relocalisation et la transition énergétique (Alstom, Air Liquide), les valeurs technologiques (Alphabet, Meta, Uber, Tencent) et le vieillissement de la population à travers la santé et la finance (Pfizer, Roche, Morgan Stanley, Citigroup).
Les performances sont au rendez-vous, malgré les années 2020 et surtout 2022 : + 8.69 % par an depuis 5 ans et + 13 % en 2023 (performances au 29/12/2023, source Morningstar).
R-co Valor est éligible dans la plupart des contrats d’assurance vie que nous proposons.
Julie Roussenque
EN BREF
3 000 milliards d’euros…
C’est le montant actuel de la dette Française selon l’Insee, soit 112,5% du PIB.
2 150 dollars…
C’est le nouveau record historique atteint début décembre par l’once d’or, dépassant le précédent record établi en 2020, pendant la pandémie.
7 653 points…
Le CAC 40 a inscrit un nouveau record historique courant décembre dernier, en dépassant les 7 600 points pour la première fois de son histoire.
LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2023
LES INDICES BOURSIERS
CAC + 16,52 %
SBF 120 + 15,26 %
DOW JONES + 13,70 %
NASDAQ COMPOSITE + 56,65%
EURO STOXX 50 + 14,26 %
LES PLUS FORTES
VARIATIONS DU CAC 40
EN 2023
STELLANTIS + 59,45 %
ALSTOM – 46,63 %
LES TAUX D’INTÉRETS
EURIBOR 3 MOIS + 3,91 %
OAT 10 ANS + 2,56 %