« L’histoire est un perpétuel recommencement »
Cette célèbre citation que l’on attribue généralement à l’historien grec Thucydide (-460/-395) prouve une fois de plus toute sa pertinence avec la récente réélection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Dès lors, il pourrait être utile de nous remémorer les grandes lignes de son premier mandat dans le but de tirer quelques leçons du passé et d’adapter nos portefeuilles à cette nouvelle donne.
En novembre 2016, après une brève incertitude initiale le soir de l’élection, les marchés américains avaient rapidement rebondi. Au cours de ce premier mandat, le Dow Jones (+56%), le S&P 500 (+67%) et le Nasdaq (+140%) avaient atteint des sommets historiques, stimulés par les baisses d’impôts, la déréglementation et les investissements massifs dans les infrastructures. De même, les banques, la Technologie, la santé, la défense et les entreprises des secteurs pétrolier, gazier et charbonnier avaient été boostées par les politiques accommandantes de l’Administration américaine.
Dans le reste du monde, les mesures protectionnistes et ce que nous avions appelé à l’époque « la guerre commerciale » avait semé la nervosité sur les marchés financiers européens et asiatiques, entraînant une fluctuation des devises et des matières premières.
Cette période pour le moins agitée au niveau des échanges économiques s’était accompagnée d’une forte instabilité géopolitique (tensions avec l’Iran, la Chine ou la Corée du Nord par exemple), ce qui avait provoqué de vifs sursauts de volatilité sur les marchés. Enfin, l’augmentation des déficits publics américains avait soulevé des inquiétudes sur la durabilité de la croissance à long terme.
Bref, ce premier mandat « America first » (l’Amérique d’abord) aura été extrêmement favorable aux actifs risqués mais avait généré de lourdes dettes en interne et exacerbé les tensions géopolitiques mondiales.
Que peut-on attendre de la version 2025 du « règne » de Donald Trump?
Si on analyse les discours du candidat, le programme 2025 semble apparemment être le clone de celui de 2017. Il est déjà acté que l’administration américaine va instaurer les mêmes mesures protectionnistes qu’il y a 8 ans et qu’elles génèreront sans nul doute des effets induits identiques. Il faut donc s’attendre à court terme à une guerre commerciale tripartite entre les Etats-Unis, la Chine et la vieille Europe. Les tensions ont déjà commencé (cf. NVIDIA) et cela pénalisera à terme, l’ensemble du commerce mondial et provoquera à horizon 2030 une baisse de PIB pour tous les pays de 1.5% environ. La France par exemple sera sérieusement impactée par ces barrières douanières car les États-Unis constituent son quatrième client, avec plus de 45 milliards d’euros de biens vendus l’an passé et le PIB tricolore pourrait perdre entre 0,2 et 0,5 point dès l’an prochain.
Pourtant, Donald Trump ne peut pas se permettre d’engendrer un ralentissement économique marqué car le monde a changé et le contexte actuel n’est plus tout à fait identique à celui du premier mandat. La dette publique des États-Unis s’est envolée et dépasse aujourd’hui 33.000 milliards de dollars. Cela représente environ 120 % du PIB, et s’affiche comme l’un des niveaux les plus élevés de l’histoire américaine, après les pics observés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce déficit budgétaire record est un caillou dans la chaussure du Président Trump qui va l’obliger à revoir les promesses du candidat en campagne. Les baisses d’impôts réalisées en 2017 avaient très largement réduit les recettes de l’Etat et donc augmenté le déficit. Il va être délicat d’appliquer stricto sensu la même politique et la limitation des aides médicales et des programmes sociaux ne suffira pas pour régler le problème. De même, si les États-Unis consacrent traditionnellement une part significative de leur budget à la défense, il serait sage de réduire les dépenses militaires qui grèvent le budget. Il faudra donc essayer de régler les conflits existants (Ukraine par exemple) et surtout ne pas en créer de nouveaux. Le ministère des Affaires Etrangères US version 2025 devrait, a priori, mettre de l’eau dans son vin.
Enfin, il va falloir maintenir une croissance économique vigoureuse, pilier central de l’histoire américaine, dans le but d’améliorer les recettes, sans pour autant augmenter les taux, et donc le coût de cette dette. Il est indispensable que les US conservent des fonds disponibles pour d’autres priorités car à moyen terme, une dette excessive pourrait limiter la croissance, réduire la confiance des investisseurs et/ou provoquer une crise financière. Bref, un sacré casse-tête pour le chef du monde libre.
Dès lors, une fois l’euphorie des élections passée, il est utopique d’envisager le même programme que précédemment sur du long terme. Il semble que le gouvernement Trump 2025 aura moins de marge de manœuvre pour agir que la version 2017. Alors, faisons confiance à la locomotive économique américaine, à son dollar et la formidable capacité d’entreprendre du peuple américain. Profitons de cette euphorie boursière bienvenue sur les valeurs US et il sera temps au printemps de nous tourner vers des marchés européens et asiatiques moins onéreux.
Si l’histoire est indiscutablement un perpétuel recommencement, il y a fort heureusement des nuances conjoncturelles qui modifient chaque époque avec plus ou moins de bonheur. Faisons le vœu, en ces périodes de fêtes, que 2025 qui débute à peine soit radieuse, apaisée et pour une fois, sereine.
Très belle année à tous !
Stéphane Lenoir
Le support du trimestre : Carmignac émergents
(FR0010149302)
Carmignac émergent est un FCP de droit français dont l’objectif est d’identifier les opportunités d’investissement à fort potentiel au sein des marchés émergents. Le fonds adopte une approche durable et responsable, privilégiant les pays et sociétés bénéficiant de croissance à long terme, apportant des solutions aux défis environnementaux et sociaux. Carmignac émergents génère la majeure partie de son revenu dans des activités alignées avec les objectifs de développement durable des Nations Unies. L’objectif du Fonds est de surperformer son indicateur de référence (MSCI EM NR USD, Dividendes nets réinvestis) sur un horizon d’investissement recommandé de 5 ans, tout en respectant son objectif responsable avec une prise en compte systématique des critères E, S et G.
Carmignac Emergents a reçu le label Performance 2024 décerné par Mieux Vivre Votre Argent., récompensant ainsi la capacité de Carmignac à générer un rendement régulier sur l’horizon d’investissement recommandé du Fonds.
De solides performances sur 5 ans
+6,9% de performance annualisée contre +3,0% pour son indicateur de référence.
+39,9% de performance cumulée contre +15,7% pour son indicateur de référence.
Le nouvel ordre géopolitique a engendré des perspectives prometteuses, particulièrement en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. En 2025, il sera essentiel d’être sélectif, mais également de prendre en compte les considérations extra-financières pour s’adapter à des marchés volatils et dénicher les meilleures opportunités dans cet univers encore sous-évalué.
Stéphane Lenoir
EN BREF
100.000 dollars…
C’est le seuil psychologique et très attendu que vient de franchir le bitcoin. Son cours s’est à nouveau envolé après l’annonce par Donald Trump de la nomination de Paul Atkins, un défenseur des cryptomonnaies, à la tête du gendarme boursier américain (SEC).
2.000 milliards de dollars…
C’est l’augmentation de la valorisation boursière des entreprises américaines depuis l’élection de Donald Trump en novembre dernier.
LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2024
LES INDICES BOURSIERS
CAC 40 – 2,15 %
SBF 120 + 2,45 %
DOW JONES + 12,78 %
NASDAQ COMPOSITE + 29,37%
EURO STOXX 50 + 8,28 %
LES PLUS FORTES VARIATIONS DU CAC 40 EN 2024
ACCORD + 35,95 %
SAFRAN – 33,01 %
LES TAUX D’INTÉRETS
EURIBOR 3 MOIS + 2,67 %
OAT 10 ANS + 3,12 %