Il ne faut jamais attraper un couteau qui tombe…
LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2018
LES INDICES BOURSIERS
CAC : – 10.95 %
SBF 120 : – 11.65 %
DOW JONES : – 5.63 %
NIKKEI – 12.08 %
EURO STOXX – 14.34%
LES PLUS FORTES VARIATIONS DU CAC 40 EN 2018
SAFRAN : + 22.69 %
VALEO : – 59.03 %
LES TAUX D’INTÉRETS
EURIBOR 3 MOIS : – 0.310 %
OAT 10 ANS : – 0.69 %
2018 restera une année noire pour la gestion d’actifs principalement à partir du dernier trimestre où les mauvaises performances se sont accélérées. De nombreux signaux sont passés en quelques semaines du vert pâle au rouge vif ce qui ne manque pas d’inquiéter les investisseurs de tous horizons. Quelles sont les raisons de ce retournement de situation brutal et relativement inattendu que nous constatons dans les portefeuilles tant au niveau des actions que celui des obligations ?
La guerre commerciale sino-américaine est indéniablement le premier facteur de retournement. Depuis mars dernier et les premières menaces de Donald Trump sur Twitter, les deux premières puissances économiques mondiales se livrent une bataille féroce. Excédés par leur déficit commercial vis-à-vis de la Chine, les États-Unis ont progressivement déclaré la guerre aux Chinois en mettant en avant leur non-respect des règles du commerce international – surtout au niveau technologique -, leur mépris des règles sociales de base et leur peu d’intérêt pour la préservation de la planète (un comble quand on connait la position de M. Trump sur ces questions environnementales !). Dès lors, les USA ont imposé unilatéralement et sans concertation, des droits de douane de 10 à 25% sur plus de 200 milliards de produits importés. Les Chinois, qui n’ont pas l’habitude de rester passifs, ont répliqué avec une salve de taxes sur 60 milliards de produits américains également importés. Cette situation inédite inquiète les investisseurs du monde entier qui anticipent un ralentissement économique global.
L’incertitude sur le Brexit reste une préoccupation majeure pour les marchés. Si l’accord de divorce entre l’Union européenne et la Grande Bretagne a été officiellement scellé en novembre 2018, les conséquences d’un « hard Brexit » seraient importantes pour les deux parties. Les échanges entre le continent et le Royaume-Uni seraient pénalisés. Des pays comme la France qui dégage un excédent commercial avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, un de ses premiers fournisseurs, subiraient les effets de ce départ non négocié. L’impact potentiel sur le PIB de la zone euro est mal apprécié mais il pourrait atteindre entre 2 à 4 % de baisse sur longue période.
La fin des politiques monétaires accommodantes pratiquées par la Banque Centrale Européenne devrait constituer la première étape de la sortie de la politique monétaire non conventionnelle qui avait permis de soutenir le système financier de la zone. La hausse des taux directeurs est, quant à elle, programmée pour le second semestre 2019. De même, les relèvements des taux directeurs américains devraient également se poursuivre et avoir un effet de contagion sur nos propres taux. Par ailleurs, les difficultés de plusieurs pays de la zone euro dont l’Italie et la France pourraient conduire à une augmentation des écarts de taux avec ceux de l’Allemagne. Cette pression à la hausse des taux d’intérêt pourrait dégrader la perspective de croissance de l’ensemble de la zone. Encore un sujet de préoccupation pour nos portefeuilles…
Une crise sociale en Europe qui se traduit par une contestation croissante de la population au sein de plusieurs pays importants comme la France, l’Allemagne ou l’Italie. Le rejet d’une certaine forme de construction européenne, la crainte des migrations et le rejet du système économique reçoivent l’assentiment d’un nombre non négligeable d’électeurs. Les valeurs démocratiques sont également mises en cause tout comme les représentants politiques et les corps intermédiaires. Les tensions politiques entre États membres pourraient s’accroître d’autant plus que les élections européennes du mois de mai 2019 pourraient donner lieu à une forte progression des partis anti-européens. Une fragilisation de la zone euro du fait de la multiplication d’évènements sociaux à réson- LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2018 LES INDICES BOURSIERS CAC : – 10.95 % SBF 120 : – 11.65 % DOW JONES : – 5.63 % NIKKEI – 12.08 % EURO STOXX – 14.34% LES PLUS FORTES VARIATIONS DU CAC 40 EN 2018 SAFRAN : + 22.69 % VALEO : – 59.03 % LES TAUX D’INTÉRETS EURIBOR 3 MOIS : – 0.310 % OAT 10 ANS : – 0.69 % Meilleurs Voeux pou r cette nouvelle année ! nance politique pourrait évidemment peser sur l’activité. En France, le récent mouvement des « gilets jaunes » devrait, selon le Ministère de l’Economie, entraîner une moindre croissance de 0,1 point au dernier trimestre. Dans ces périodes troublées, l’investisseur a l’habitude de broyer du noir et ne retient aucun facteur favorable. C’est ce que nous vivons en ce moment ! Pourtant, il faut garder espoir en l’avenir car des facteurs non négligeables jouent plutôt en faveur de la croissance et donc à une amélioration de la situation.
Une politique budgétaire maîtrisée a permis l’assainissement des finances publiques en zone euro. C’est un élément central de la politique des différents gouvernements européens, qui, à la différence des États-Unis et du Japon, ont fait d’importants efforts en matière de réduction du déficit public. Ce dernier est passé de plus de 6 % du PIB en 2009 à moins de 1 % du PIB aujourd’hui, même si la situation pourrait se détériorer un peu en 2019. La France, l’Italie et l’Espagne sont les pays les moins vertueux de la zone et devraient le rester dans les prochaines années. Il n’empêche que l’Europe présente des budgets globalement plus sains qu’il y a 10 ans.
Une hausse des taux d’intérêt qui devrait être très modérée en 2019, d’autant plus que l’inflation a commencé à refluer avec la baisse du prix du baril de pétrole. La BCE prendra en compte la situation des prix mais aussi, implicitement, la croissance et la capacité des États à faire face à leurs échéances de remboursement d’emprunts. La situation financière des entreprises de la zone euro est très favorable. La poursuite de la hausse de la profitabilité et du désendettement est attendue. Le nombre de défauts de paiement et de faillites d’entreprise devrait rester faible au sein de la zone euro même si en Italie et en France, il est en légère augmentation.
Pas de réels risques financiers et immobiliers malgré la baisse brutale que nous venons de subir. Les actifs financiers sont sous-valorisés au sein de la zone euro et le PER sur les résultats futurs est inférieur à 14 pour l’Eurostoxx quand il était de 16 en 2008 et de 20 en 2000. Même si l’immobilier est en forte hausse dans plusieurs pays, les indicateurs de prix pour l’immobilier d’habitation ou commercial sont meilleurs qu’en 2009. Le taux d’endettement des ménages est en baisse au sein de la zone euro. Il est passé de 62,5 en 2009 à 57,5 % en 2018.
Un baril de pétrole bon marché est un point positif pour la zone euro. L’économie de la zone est très sensible aux variations du cours du pétrole. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les cours du pétrole ont atteint des niveaux jamais atteints depuis l’automne 2017, avec un baril à moins de 50$. La faute en revient aux trois hommes qui ont la mainmise sur le marché mondial du pétrole, à savoir Donald Trump, (encore lui !), Vladimir Poutine et Mohammed ben-Salmane (le prince héritier saoudien). Ils dirigent les trois plus gros pays producteurs d’or noir et multiplient les annonces contradictoires depuis quelques mois. Résultat des craintes de surabondance de l’offre. La baisse du pétrole entre 2014 et 2016 a favorisé la reprise économique en améliorant le pouvoir d’achat des ménages et les marges des entreprises. Sa hausse constatée a eu l’effet inverse et a largement contribué au ralentissement économique.
Alors, quid de l’avenir immédiat ? Récession ou pas en zone euro ? Si des facteurs internes peuvent conduire à une accentuation du ralentissement constaté depuis le milieu de 2018, d’autres éléments peuvent jouer, au contraire, en faveur d’une accélération de la croissance. La zone euro restera néanmoins dépendante tout à la fois de l’évolution des sanctions commerciales des États-Unis, du prix du pétrole, des tensions politiques internes et des modalités de sortie du Royaume-Uni d e l’Union Européenne.
Dans ces conditions, il conviendra de passer cette crise momentanée, comme nous avons su gérer celles de 2001 (bulle internet), de 2008 (subprimes) et de 2011 (crise des dettes d’état). A court terme, « il ne faut pas attraper le couteau qui tombe » pour reprendre un adage boursier bien connu et faire le dos rond. A moyen terme, il faudra se souvenir que l’histoire économique se traduit par une suite ininterrompue de périodes de croissance et de récession. Il faudra se repositionner quand les vents mauvais seront calmés, guetter un point bas et arbitrer nos portefeuilles si nécessaire pour profiter de l’inévitable rebond. Tel est notre souhait pour cette nouvelle année. Meilleurs voeux à tous pour 2019.
Stéphane Lenoir
En bref
4.250 €/m2
C’est le prix du m² médian à Bordeaux, en hausse de 18.6% sur les 12 derniers mois. Bordeaux est désormais la deuxième ville la plus chère de France derrière Paris.
10,88 millions
Selon l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA), la production pétrolière des Etats-Unis a atteint le record de 10,88 millions de barils produits par jour ce qui fait désormais de ce pays, le premier producteur mondial de pétrole.
1.7%
C’est le taux d’inflation annoncé pour 2018, si l’on en croit les dernières prévisions de l’INSEE.