Et maintenant, on fait quoi ?

La victoire du Nouveau Front populaire aux dernières élections législatives génère en France une situation politique inédite qui ne devrait pas fluidifier la mise en œuvre des grandes réformes économiques, écologiques, sociales et fiscales dont le pays a besoin. Il n’est pas question dans ces quelques lignes trimestrielles d’entretenir un débat purement politique ou d’exposer des idées forcément partisanes, mais il nous semble important d’analyser les conséquences de ce vote sur nos investissements et notre fiscalité. Essayons tout d’abord de prendre un peu de hauteur et regardons comment ces résultats sont analysés hors de nos frontières.

Si de nombreux médias étrangers saluent la victoire du « vote républicain », la France apparait fragilisée et la position d’Emmanuel Macron, intenable. Les observateurs s’inquiètent des divisions dans la nouvelle assemblée, où aucun bloc n’a la majorité absolue. Autrement dit, la plupart des analystes politiques s’accordent à dire que le pays est aujourd’hui politiquement paralysé et totalement ingouvernable.

Pour le New York Times, l’avenir politique de la France reste complètement flou et s’il est possible qu’une coalition gouvernementale se forme, elle est à ce jour peu probable compte tenu des dissensions entre les forces en présence. Dès lors, le quotidien envisage la constitution d’un gouvernement de technocrates gérant simplement les affaires courantes, à l’instar de ce qui s’est passé pendant un an et demi en Belgique.

Cette théorie est clairement partagée par L’Orient, quotidien Libanais pour lequel « il semble compliqué de voir émerger un gouvernement d’union nationale sans voir le bloc de gauche éclater. Allons-nous vers “un gouvernement de technocrates” à défaut d’une introuvable coalition ? »  Ce sentiment de blocage de nos institutions est fréquemment relayé par les journalistes étrangers dans leurs publications du 8 juillet dernier (Belges, Espagnols, Suédois, Allemands Colombien ou Grecs…).

La situation française n’est guère plus brillante, vue du Royaume-Uni ; dans les pages de l’hebdomadaire conservateur britannique The Spectator, le politologue Keiger explique que la France est confrontée à une totale paralysie et à une crise institutionnelle profonde, et qu’il faut désormais passer à la VIe République pour réformer efficacement le pays. Cette idée de nouvelle république est d’ailleurs largement évoquée par de nombreux éditorialistes tout autour de la planète.

L’analyse froide du Quotidiano, journal de droite populaire italien résume parfaitement la situation : « Macron a plongé le pays dans le chaos, Le Pen a été dépassée par l’extrême gauche, personne n’a de majorité et Mélenchon réclame le gouvernement du pays en demandant des réformes absurdes et maximalistes… Quel bordel ! » (en Français dans le texte).

Il est clair que le pays va avoir du mal à engager des réformes structurelles pour restaurer la confiance et réduire le déficit public, compte tenu de l’équilibre actuel des forces politiques à l’Assemblée Nationale.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas quelles seront les décisions du Président Macron, ni quel sera le nom de celui chargé de conduire les affaires publiques. Le programme du Nouveau Front Populaire est perçu par les économistes comme anti-entreprise voire anticapitaliste, ce qui ne rassurera pas les marchés financiers. L’augmentation annoncée des dépenses publiques générera nécessairement une hausse massive des impôts des entreprises, de la CSG, de la fiscalité sur le patrimoine et sur les plus hauts revenus. Ces mesures pourraient coûter environ 4 points de PIB, et sont jugées irréalistes par les économistes. Les volontés politiques vont se heurter aux réalités économiques, notamment européennes, générant dans les mois à venir de nombreuses tensions et frustrations dans le pays. Cela devrait entrainer plus de fébrilité sur les marchés, et une remontée des taux d’intérêts, creusant l’écart avec les taux Allemands. Le montant de la charge de notre dette devrait donc s’alourdir ainsi que les conditions financières pour les entreprises et les particuliers. Pour information, depuis la dissolution et l’incertitude politique qui en a résulté, la France emprunte actuellement aussi cher que le Portugal. Du jamais vu ! Ce ne sont pas des bonnes nouvelles pour notre économie et il faudra adapter nos allocations d’actifs et nos stratégies patrimoniales en fonction de ces nouveaux paramètres fiscaux et financiers.

Cette crise politique affecte également l’image de la France qui s’était globalement améliorée ces dernières années, notamment auprès des entreprises internationales, qui avaient sensiblement accru leurs investissements dans l’hexagone. Compte tenu de cet environnement fiscal incertain, il est probable que les dirigeants des entreprises étrangères attendent un peu avant de poursuivre leurs programmes d’investissement. Cela risque d’accentuer la faiblesse de la croissance, voire de ralentir complètement l’économie… Bref, le résultat de ces législatives inquiète le monde économique et assombrit les espoirs de diminution des déficits et d’accélération de la croissance.

Il ne faut cependant pas tout dramatiser, la victoire électorale du Rassemblement National n’aurait pas davantage rassuré les marchés. Il existe en France une constitution solide et une administration puissante et efficace. Toutes les mesures ne sont pas applicables par décret et il faudra compter sur la force de persuasion des oppositions tant politiques que professionnelles. Pour abroger la réforme des retraites par exemple, il faudra une Loi qui recueille la majorité des votes à l’assemblée. Ce n’est pas gagné, si on regarde la composition de l’hémicycle. Nous devons certes nous attendre à une paralysie temporaire de nos institutions et à un alourdissement sensible de la fiscalité mais la France n’est pas un pays isolé et reste malgré tout une nation phare de l’Europe. Elle saura faire face à ses engagements et même si la fin d’année s’annonce particulièrement compliquée, nous allons redoubler d’effort pour nous adapter à ces nouvelles données et mettrons tout en œuvre pour passer cette période anxiogène avec le plus de sérénité possible.

D’ici là, toute l’équipe de Vauban Patrimoine se joint à moi pour vous souhaiter d’excellents congés d’été, sous le soleil, qui finira bien par briller à nouveau.

Stéphane Lenoir

 

Le support du trimestre :  EdRF Big Data 

Edmond de Rothschild Asset Management est la société de gestion d’actifs du groupe indépendant et familial Edmond de Rothschild, pionnier dans la gestion de fortune (fondé en 1806). La maison propose une large gamme de stratégies sur l’ensemble des classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, investissement non coté) et des zones géographiques (Europe, Etats-Unis, Asie, Pays Emergents).

En 2015, l’équipe de gestion a créé le fonds EdRF Big Data, convaincue que la thématique est une mégatendance pérenne qui alimente les perspectives de croissance à long terme des entreprises des secteurs traditionnels du stockage et de l’analyse des données, ainsi que les utilisateurs de ces données, qu’ils soient du secteur technologique ou non.

Les gérants du fonds identifient des sociétés, principalement aux États-Unis et en Europe, dont les modèles d’entreprise sont pérennes et de grande qualité, à travers trois sous-thèmes distincts : Infrastructure & Stockage de données (exemple : l’opérateur télécom Orange), Analyse & Modélisation (exemple : Alphabet, ex-Google) et Utilisateurs de données (entreprises non technologiques, exemple : le groupe bancassurance Axa France). Concrètement, le fonds contient entre 40 et 60 titres, orientés grandes capitalisations et avec un biais géographique sur les États-Unis. La majorité des entreprises choisies doivent avoir un lien avec le secteur de la technologie et du big data et également des « acteurs établis », à savoir, des sociétés pérennes avec une visibilité forte sur les résultats futurs. Ce critère peut paraitre banal mais beaucoup d’entreprises du secteur de la technologie ne font pas de bénéfices.

Actuellement, 42% du fonds est investi sur les Infrastructures & Stockage de données, 27% sur l’Analyse & Modélisation et 25% sur les Utilisateurs de données, et les 6% restant sont investis en placements monétaires. 47 titres composent le fonds dont un des plus célèbres et performants en 2024, Nvidia (société spécialisée dans les processeurs dédiés au traitement des données graphiques).

Les performances sont au rendez-vous : +7.73% par an depuis 3 ans et +21.25% en 2023 (performances au 20/06/2024, source Morningstar, fonds créé le 28/01/2019). EdRF Big Data est éligible dans la plupart des contrats d’assurance vie que nous proposons.

Julie Roussenque

 

Brèves

2 400 milliards de dollars…
Il s’agit des dépenses d’armement dans le monde en 2023 : un montant record et une hausse de 7 % sur un an, la plus forte depuis 2009 sur tous les continents.

3 335 Milliards de dollars…
Nvidia devient la première capitalisation mondiale devant Microsoft

23%…
C’est la baisse des prix enregistrée en un an pour l’immobilier de bureau en Ile-de-France selon les données du groupement ImmoStat.

 

LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 30 JUIN 2024

LES INDICES BOURSIERS
CAC 40 -0,85 %
SBF 120 + 1,41 %
DOW JONES + 3,79 %
NASDAQ 100 + 16,98%

LES PLUS FORTES VARIATIONS DU CAC 40
depuis début d’année
RENAULT + 29,63 %
EDENRED – 27,21 %

LES TAUX D’INTÉRETS
EURIBOR 3 MOIS + 3,71 %
OAT 10 ANS + 3,29 %